L’envolée des Enges de Claire Krust
Claire Krust revient avec un second roman L’envolée des Enges. Cette fois, nous ne sommes plus au Japon mais sur un pilier, au milieu des Enges, ces étranges créatures qui n’attendent qu’une seule chose : prendre leur envol lors de la cérémonie de l’Envolée et accéder au stade de l’immatérialité.
Les Enges vivent sur un pilier et ne rêvent qu’à une chose : le ciel. Ils sont les enfants d’Hélias et ont une relation particulière avec le vent. Ils refusent tout contact avec les humains qui vivent sur la Terre et n’ont d’yeux que pour le ciel. Ils ne regardent jamais vers le sol. Ce sont des êtres plutôt égoïstes. Tout ce qui les intéresse c’est de rejoindre les adultes et d’accéder à l’immatérialité et voler.
Dans cette nouvelle histoire, bien différente du monde inspiré par le Japon de son premier roman, Claire Krust nous fait suivre Céléno, une Enge un peu en marge de sa propre société. On la traite comme une paria et elle ne semble pas en tenir tellement rigueur aux siens. Il y a aussi le Lâche, le seul Enge qui regarde vers le sol et non vers le ciel. Tous les Enges vivent sur un pilier, mais un jour les hommes font surface et les Enges ne sont plus maîtres des cieux. Céléno se retrouve seule, perdue dans un monde hostile dont elle ne connaît rien. Elle fera la rencontre de Sujin, un autre enfant d’Hélias, un Être de l’eau. C’est lui qui lui apprendra comment se comporter parmi les humains, les us et coutumes mais aussi comment passer inaperçu parmi eux, car les enfants d’Hélias ne sont pas les bienvenus.
Je n’en dirai pas plus sur les diverses intrigues que Claire développe au fil des pages et des chapitres mais j’ai encore une fois beaucoup aimé son livre. J’ai particulièrement apprécié les petites citations à chaque début de chapitre, elles apportent quelques précisions ou corroborent les pensées d’un personnage.
Comme dans tout bon roman de fantasy, on ne suit pas uniquement l’histoire de Céléno mais aussi d’autres personnages. On suit aussi Eole et Borée, Arhan et à travers ces histoires, d’autres personnages aussi intrigants les uns que les autres. Contrairement à d’autres romans du genre, chaque chapitre n’est pas le point de vue d’un nouveau personnage. On a plutôt un livre en trois parties. On commence sur le pilier avec Eole et Borée et l’imminence de leur Envolée. On enchaîne ensuite avec l’histoire de Céléno et Sujin après la chute des Enges du pilier. On finit avec Arhan, jeune homme aux yeux multicolores, servant d’un grand apothicaire de Rania et trempant dans des affaires peu recommandables.
Ce que j’ai également beaucoup apprécié dans ce nouveau roman, c’est le style d’écriture. Comme pour Les neige de l’éternel, j’aime beaucoup le style de son autrice. Elle se montre descriptive mais sans tomber dans l’ennui. Je trouve que contrairement à son premier roman, celui-ci n’est plus contemplatif. Cette fois, elle nous emmène avec ses personnages, nous sommes à leur côté, nous suivons leurs aventures et souhaitons à de nombreuses reprises pouvoir intervenir. Nous sommes spectateurs (comme tout bon lecteur) mais nous souhaiterions être acteur et prendre part à cette histoire. Ce sentiment je l’ai eu à certains moments de l’histoire où j’aurai bien aimé mettre une paire de baffes à un ou deux personnages pour leur remettre les idées en place.
Les thèmes abordés sont également très intéressants. Comment s’adapter dans une société qui nous rejette et qui veut notre mort ? Comment ne pas soi-même succomber à la vengeance unique et tout détruire sur son passage ? Dans ce livre, les hommes ne sont pas exposés sous leur meilleur jour mais les Enges non plus. On semble leur reprocher beaucoup, mais à la fin de cette lecture, on ne sait pas toujours quoi précisément. L’avortement, un sujet des plus sensibles, est également abordé dans les premiers chapitres du livre et ce, avec une grande finesse. La classe sociale des personnages est également un sujet de réflexion.
J’attends avec impatience le second tome Les Secrets d’Eole car ce premier tome pose beaucoup de questions mais répond à peu. J’espère que le second tome saura répondre à toutes les questions que je me pose et m’apportera autant de plaisir que ce premier tome.
Une lecture rapide durant laquelle on ne s’ennuie pas, des personnages intéressants et attachants, un monde qui n’est pas sans rappelé celui dans lequel nous vivons (à quelques différences près, ça fait longtemps que j’ai pas croisé une licorne quand même) et un cliffhanger digne d’un épisode de fin de saison de Twin Peaks ou The Walking Dead.
Résumé :
« Depuis des décennies, les Enges vivent en paix en haut de leur pilier, en totale communion avec le vent, exilés du reste du monde dont ils n’ont que faire. L’Envolée est proche, ce rite qui leur permet d’acquérir leurs ailes d’or et de s’élancer vers les cieux. Mais le coeur de Céléno n’est pas à la fête. Rejetée par ses pairs, privée de ce droit, elle est sur le point d’assister au départ de l’homme qu’elle aime en secret. C’est alors que l’impensable se produit. Les hommes, ces êtres qu’ils ne connaissent que dans les légendes, surgissent et mettent leur pilier à feu et à sang. Précipitée sur la terre ferme, parachutée dans un monde qu’elle ne comprend pas et qui veut sa mort, Céléno est sauvée in extremis par Sujin l’Être de l’eau. Ensemble, ils vont remonter les traces des derniers Enges captifs et tenter de les libérer. Mais que peuvent deux parias contre la folie des hommes ? »
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