Le syndrome « il y a »
C’est marrant, je pensais que ce syndrome passerait tout seul, rapidement, après quelques semaines, peut-être un ou deux mois mais ce n’est absolument pas le cas. Kézako ? J’appelle le syndrome « il y a » cette nostalgie, ce réflexe presque instinctif de penser « il y a un an débutait les Fallas et j’étais là ». Je sais que tout le monde a ce syndrome par rapport aux bons moments qu’on a vécu mais depuis mon Erasmus il se conjugue à un énorme désir de repartir.
Reprendre l’avion, arriver à Valence, courir dans les rues, sauter partout, aller danser, rire, paraître folle et n’en avoir rien à faire, retrouver cette insouciance que j’avais lorsque j’étais là-bas et qui m’a, malheureusement quitté, à l’instant où je suis rentrée en France. C’est marrant comme quoi en fonction du pays on change d’attitude. Cela veut-il dire que l’Espagne est un pays plus insouciant que la France ? Les soirées lilloises dans Solfé me prouvent bien souvent le contraire mais je n’y retrouve pas cette ambiance si particulière de Valence. A l’approche des Fallas, j’ai vraiment envie d’y retourner, surtout que je devais le faire à l’origine et puis, ça n’a plus été possible. Malheureusement. Je rêve de revoir cette ville enchantée pleine de lumière, de feux d’artifices, d’illuminations plus majestueuses les unes que les autres, grouillante de monde, rythmée par les mascletas Plaza del Ayuntamiento, grouillante de vie, de couleurs, de saveurs qui me font trouver Lille bien terne et gris en ce moment. Cette effervescence qui m’a plu autant qu’elle m’a dérangé, je souhaiterais la retrouver, revivre ça, une nouvelle fois, voir si c’est toujours aussi bien que la première fois.
C’est en partie ce syndrome qui pourrit la vie je trouve quand on rentre. C’est plus fort que nous (ou en tout cas c’est plus fort que moi), on peut pas s’empêcher de penser à ce qu’on faisait à cet endroit il y a x temps. J’ai cette impression d’être coincée entre deux espaces temps et de ne pas y trouver ma place. (Oui peut-être que j’ai un peu trop regarder Star Trek et Stargate SG1 mais ça résume bien la situation). Je suis jalouse de ceux qui sont encore là-bas et qui peuvent toujours en profiter. C’est stupide mais c’est comme ça. C’est dur de se dire qu’ils revivent tout ça et pas nous, pas moi. C’est difficile de se mettre à l’écart et d’accepter le fait que cette expérience a bel et bien eu lieu mais c’est du passé maintenant. Il faut avancer, vivre dans le présent et ce n’est pas forcément facile. Cet Erasmus m’a apporté énormément de choses, je ne le dirai jamais assez. Néanmoins, il est aussi responsable de la situation dans laquelle je me trouve actuellement (qui est d’avoir à refaire un stage et me battre bec et ongles incessamment avec l’administration de Lille 3). J’espère que ce sentiment passera l’année prochaine quand je retrouverai une vie étudiante « normale » c’est-à-dire avoir des cours, aller à la fac, m’endormir en cours parce qu’il y a trop de boulot ou parce qu’on a trop fait la fête la veille (cette deuxième option est la plus fréquente) et tout le tralala.
Tu me manques Valence. Déambuler dans tes rues, marcher en plein soleil, ne rien faire sur le toît, regarder passer les gens, me balader dans le Turia, la Ciudad de las Artes y Ciencias, aller à la plage, passer dans le Cabanal, vivre dans Blasco puis dans Benimaclet et surtout le balcon, ce balcon sur lequel j’ai partagé mes derniers moments avec des gens exceptionnels et qui gardent aujourd’hui une grande place dans mon coeur comme tous ceux avec qui j’ai partagé de près ou de loin cette expérience. Hâte d’y retourner. Hâte de m’y retrouver une nouvelle fois, seule ou accompagnée par ceux qui ont fait de cette expérience un délice, car il faut reconnaître que cet Erasmus n’aurait pas été le même sans les magnifiques rencontres que j’y ai faite.