Oran ou la ville aux différents visages
Et voilà, nous nous sommes envolés le 22 décembre pour l’Algérie et en sommes revenus le 26. Ce voyage aura été des plus remplis entre visites, mariage, découvertes et autres joyeusetés des voyages. Dans tous les cas, je pense que les mots : dépaysement, magique, émerveillement et découverte sont les plus représentatifs de ce voyage.
Alors, pour ce voyage, nous n’avons pu aller et profiter que d’Oran car nous étions quelque peu dans une course contre la montre puisque je devais être en France le 28 décembre. Nous avons donc décidé de profiter au maximum de nos quelques jours en Algérie et à Oran.
Tout d’abord, le départ pour l’Algérie, nous avons pris l’avion pour Oran vers 12h30. Nous avions à peu près une demi-heure de retard par rapport à l’heure prévue mais il semblerait que ce soit monnaie courante sur la compagnie Air Algérie. Arrivés à l’aéroport, nous avons réalisé que nous n’avions peut-être pas choisi le meilleur jour d’arrivée. En effet, nous sommes arrivés un vendredi et le vendredi est le jour saint en Algérie donc la plupart des commerces, banques et autres facilités sont fermées. De même, nous avons rencontré des problèmes avec la navette. Nous avons pris un peu de retard le temps de passer la douane. D’ailleurs, il faut savoir qu’en tant que ressortissant étranger, vous avez une fiche de police à remplir (et que celles-ci se trouvent à droite de la zone d’attente à l’aéroport d’Oran). Ne le sachant pas, nous avons fait la queue jusqu’à arriver devant un douanier plutôt mal-aimable qui m’a signifié avec un signe de la main d’exaspération qu’il fallait remplir la fiche. Sans préciser où la trouver. Par chance, nous avons vu une dame faire la même chose. Après la douane, il a fallu récupérer la valise et autant dire que ce n’était pas une mince affaire. Ce n’est pas le nombre de valises qui compte sur cette compagnie mais le poids. Donc, la plupart des gens ont plein de valises et sacs différents. Une fois le tout récupéré, opération navette. Et là, ça a été compliqué. L’aéroport était particulièrement rempli car il y avait des familles présentes pour accueillir des retours de pèlerinages. Nous avons demandé de l’aide à l’aéroport et en désespoir de cause, avons appelé l’hôtel qui nous a renvoyé une navette. Nous n’avons pas trop compris pourquoi elle n’était pas là à notre arrivée mais nous sommes finalement arrivés à bon port à l’hôtel Colombes, qui est un très bon hôtel pour un prix plutôt raisonnable.
A peine arrivés, notre ami S., futur marié de surcroît, nous a appelé pour nous dire qu’il venait nous retrouver avec C., une collègue de V. et invitée au mariage, pour aller manger un bout ensemble. Avec un simple plateau d’avion dans l’estomac, j’avoue que nous commencions à avoir faim. Donc nous retrouvons S. et C. pour aller manger un bout dans le centre d’Oran. On en profite pour faire un petit tour sur le front de mer. On mange et un peu terrassé par la fatigue, on décide tous de rentrer chacun chez soi pour dormir et être en forme le lendemain pour notre première visite guidée du séjour.
En effet, nous avons décidé sur conseil de S., de visiter la ville grâce à un guide et une association qui s’appelle Bel Horizon. Cette association cherche à faire connaître le patrimoine Oranais aux Oranais mais aussi aux touristes qui pourraient passer par là. Dans ce sens, cette association propose des formations pour devenir guide et nous avons pu profiter de leur connaissance de la ville et de son histoire. Et tout ceci, pour un prix qui était des plus raisonnables (sur la base d’un salaire français j’entends) surtout, que nous étions 3 à nous partager les frais. Faire la visite de la ville et de ses alentours avec cette association nous a permis d’en apprendre plus sur la ville, son histoire et son évolution à travers les âges mais aussi sur des projets de restauration à venir (et les enjeux qui en découlent). C’est une association très investie qui cherche à défendre le patrimoine qui ne dispose que de très peu de budget et n’est pas un réel enjeu pour les politiques (bien malheureusement d’ailleurs). Vous pouvez les suivre et les contacter sur leur page Facebook. Durant notre voyage, c’est Rafik qui nous a fait la visite d’Oran et Abdel la visite de ses alentours.
1ère journée de visite, Oran
Commençons par notre première journée de visite ! Je ne vais pas vous retranscrire tout ce qui nous a été dit car si vous voulez des informations, je vous invite à consulter la page de Bel Horizon :). Levés relativement tôt pour un rythme de vacances, Rafik vient nous chercher directement à l’hôtel et direction la Place d’Armes d’Oran et la ville Européenne. La ville Européenne est la partie d’Oran qui a été construite par les Français durant la colonisation. Nous arrivons donc sur la Place d’Armes, désormais, la place 1er novembre, où l’on trouve le théâtre, l’ancien hôtel de ville et le monument de Sidi-Brahim (ou Abd-el-kader). Tous ces bâtiments et cette place ont été construits par la France. D’ailleurs, durant un temps il a été question de rapatrier le monument Sidi-Brahim en France. C’est une chose qui s’est produite par exemple avec la statue de Jeanne d’Arc qui se trouvait devant la cathédrale dans le style néo-byzantin qui est désormais une bibliothèque. La statue de Jeanne d’Arc se trouve à Caen. Après, la place d’Armes, nous nous sommes rendus dans le bureau du plus vieux journal d’Oran : L’écho d’Oran qui est devenu la République. Rafik réussit à nous faire voir une salle qui est censée être fermée (car nous étions samedi, jour de week-end). Dans cette dernière, plusieurs portraits dont celui de journalistes qui ont été tués lors de la guerre civile dans les année 1990. Rafik en profite pour parfaire notre culture et nos connaissances historiques en nous expliquant beaucoup de choses sur cette période et de la défiance que les algériens nourrissent quant aux barbus depuis. Ensuite, on marche jusqu’au musée de la Culture, anciennement le musée du Colon et de l’Agriculture. C’est un très beau bâtiment art déco mais un espèce d’alien architectural se tient à ses côtés et gâche un peu tout. De plus, le bâtiment est assez abîmé. Pourtant, comme nous l’a dit Rafik, ce serait un bâtiment à rénover et surtout à conserver. Nous sommes ensuite allés voir la bibliothèque d’Oran, ancienne cathédrale dans le style néo-byzantin. On a aussi été voir la tour de la Compagnie Algérienne. Nous sommes repartis vers la place d’armes et nous sommes rentrés dans le théâtre et nous avons pu visiter la salle. C’était magnifique.
Nous avons repris la voiture pour aller voir le palais du Bey, un des rares bâtiments qui témoignent du passage des Ottomans à Oran. En effet, il faut savoir que les Ottomans ont été présents pendant très peu de temps comparé au reste de l’Algérie et on trouve donc très peu de traces de leur passage. A côté du palais du Bey, se trouve un énorme squelette d’un bâtiment inachevé. Ce bâtiment devait être un palace avec piscine etc. afin d’accueillir des délégations mais n’a jamais été fini car le second crash pétrolier a mis à mal l’économie algérienne et oranaise. De plus, le détruire coûterait très cher et on prendrait le risque de détruire le palais du Bey. La structure sert entre autre, de panneau publicitaire ou de panneau d’affichage pour les élections. Rafik nous a dit qu’il existait actuellement un projet de réhabilitation du palais du Bey par la Turquie. Bel Horizon souhaite superviser cette réhabilitation car on trouve dans le palais du Bey, une partie Ottomane mais aussi une partie française puisque les militaires français ont investi le palais durant de nombreuses années. On trouve un premier bâtiment où le plancher est très abîmé. De même que les peintures mais qui rénové, présenterait une richesse superbe. On a aucun mal à imaginer les lieux en meilleur état et c’est somptueux. On passe ensuite dans un jardin à l’écart de la ville et là, on ne sait plus où l’on est. C’est calme, tranquille, loin de l’agitation de la ville. Au fond de ce jardin, on trouve la maison de la favorite. Sur le balcon, on a une jolie vue sur la Vieille ville d’Oran. Cette partie de la ville est un vestige de l’occupation espagnole et Ottomane. En effet, avant l’arrivée des français, la ville et le centre ville se concentrait de ce côté-là. Ce sont les français qui ont étendu la ville lorsque la population a beaucoup augmenté. On peut voir d’ailleurs un minaret dans le style Ottoman. Ensuite, nous avons continué notre visite avec le bassin, les anciennes cuisines et les écuries.
Repartis en voiture, on s’arrête près du port, dans un parc et ensuite on va voir l’ancienne mairie, les arbres amoureux sur la place de la République ainsi que la place Kleber. Après, on s’en va voir les bains turcs où l’on trouve une association. C’est tout comme le palais du Bey, un des vestiges du passage Ottoman à Oran. Notre visite est un peu écourtée par un appel de notre ami S. qui souhaite manger avec nous. Retour vers le centre et on mange dans un self avant de partir pour un nouvel après-midi de découverte. On en profite pour passer voir le bureau et siège de l’association Bel Horizon, dans la rue des associations. On trouve dans cette rue comme son nom l’indique, un grand nombre d’associations.
L’après-midi, direction les hauteurs d’Oran et le fort de Santa Cruz ! Nous prenons de la hauteur et on a une vue géniale sur la ville ainsi que sur Mers el-Kébir. Historiquement c’est là que les espagnols se sont installés et ont ensuite construit des forts pour se défendre sur les hauteurs. Mais fatigués d’être attaqué par Oran, les espagnols ont fini par prendre Oran. Sur les hauteurs, on trouve également des traces de l’ancien téléphérique et une mosquée en construction. Cette mosquée est un don d’une personne influente qui voulait construire une mosquée qui surplombe Notre Dame du Salut. On profite d’un petit cours d’histoire de la part de Rafik qui nous apprend de nombreuses choses par exemple, sur la participation de l’Algérie lors de la seconde guerre mondiale ou encore, sur l’indépendance de l’Algérie. Si vous voulez plus de détails, je vous invite à aller visiter et faire appel à cette association 🙂 D’ailleurs, j’ai appris de nombreuses choses durant ce voyage tant sur l’histoire de la France que de l’Algérie. Nous sommes ensuite allés visiter le fort de Santa Cruz, fort espagnol qui surplombe la ville de toute sa hauteur. Malgré des travaux, nous avons aussi pu jeter un œil à Notre Dame du Salut qui se trouve en contrebas du fort.
Nous repartons dans la ville pour aller visiter la Grande Mosquée et la gare. Pour visiter la mosquée en tant que femme, C. et moi devons nous couvrir. Pas de problème, on nous prête de quoi nous couvrir et nous visitons la Grande Mosquée et je pense qu’un mot résume ce bâtiment : splendide. Cette mosquée est récent (2013) et peut accueillir jusqu’à 15 000 personnes. Tout est beau, travaillé et il émane un côté chaleureux de ce bâtiment. Lors de la prière, l’étage est pour les femmes et le rez-de-chaussée pour les hommes. Nous avons également vu la bibliothèque qui est une bibliothèque généraliste. La gare quant à elle, a été construite par les français et a le style d’une mosquée « pour se fondre dans le paysage ». C’est également un bâtiment très beau à voir. Cette première journée de visite s’achève car nous devons rentrer nous préparer pour le mariage qui nous attend.
Le mariage
C’était une grande première pour nous, un mariage algérien en Algérie. On commence en se rendant chez notre ami, le futur marié. Il a quelque une heure et demi de retard mais nous prenons des photos, le folklore joue de la musique et tout le monde se joint au cortège pour se rendre chez la mariée. Après quelques cafouillages, nous arrivons chez la mariée, un peu en retard. C. et moi avons la possibilité de monter voir les mariés, on nous prend une nouvelle fois en photos, on nous dit de sortir, on ne sait pas quoi faire et on se sent un peu perdu mais par chance, la famille de S. nous prend en main et nous dit quoi faire. Nous reprenons la voiture et direction la salle. Cette fois, on ne s’est pas perdu et nous attendons les mariés. Ils arrivent et c’est le début des hostilités et des 11 robes de la mariée. Elle est magnifique il faut le dire mais on a beaucoup compati car elle a passé sa soirée à se changer. Nous profitons de la fête, du repas et chaque fois qu’une tradition est à l’oeuvre, on vient nous chercher pour qu’on puisse profiter de chaque instant.
Nous étions un peu la touche exotique du mariage et tout le monde était au petit soin. Je pense que c’est ce qui m’a le plus marqué dans ce voyage, le sens de l’hospitalité des algériens. Je n’ai jamais autant entendu « Soyez les bienvenus » ou vu des gens aussi concerné par l’image de leur pays et ce que nous pensions jusqu’ici de notre voyage. La gentillesse, l’attention et le sens de l’hospitalité des Algériens est sans limite et particulièrement touchant. C’est une chose qui est beaucoup moins présente en France et c’est bien dommage.
La soirée se finit vers 4h30 du matin, nous avons bien mangé, dansé, rigolé, parlé et autant dire que nous sommes fatigués. On rentre se coucher. On s’endort en entendant le premier appel à la prière de la journée et on se repose toute la journée.
2ème journée de visite, Oran et ses alentours
Et c’est reparti pour une nouvelle journée de visite ! Et là, catastrophe, je suis malade. Eh oui, le 25 décembre même en Algérie, la malédiction de la maladie de Noël me poursuit. Bon tant pis, je passe en mode survie et coûte que coûte je profiterai de ma dernière journée en Algérie, parce que oui, le voyage touche à sa fin et ce n’est pas facile à avaler. Nous retrouvons Abdel cette fois-ci, le père de Rafik. Il nous emmène à Port aux Poules, à une cinquantaine de kilomètres d’Oran. C’est un petit port de pêche dont une partie est restée assez authentique. C’est agréable d’être au bord de l’eau. La mer, c’est beau. Le littoral également. C’est ce que Abdel nous a concocté pour la journée, découverte du patrimoine naturel. On commence avec Port aux Poules et on s’en va ensuite vers une ville dont j’ai oublié le nom je dois le reconnaître où on trouve des vestiges romains et un important site pétrolier. Oui, on continue avec les contrastes de paysage. Abdel nous explique que de nombreux vestiges sont présents en Algérie mais pour le moment, il n’existe pas de chantiers archéologiques avec un plan d’avenir pour ça. Donc autant conserver le tout sous terre que l’exposer aux intempéries sans plan de conservation. On reprend la voiture et on s’arrête pour voir un phare. Dans la voiture, on parle d’Apollinaire, de Camus et de littérature de manière générale. C’est super agréable d’apprendre de nouvelles choses.
Nous arrivons à Kristel. Dans ce village, on trouve des cultures en terrasse et une ville qui se construit autour d’une source qui traverse le village. Chaque jour à 3h du matin, une famille prend le contrôle de l’eau pour ses cultures et chaque jour c’est une famille différente. Nous descendons au milieu des cultures où on trouve de tout, des navets, des laitues, des betteraves etc. On arrive sur le bord de mer et c’est très beau. Le paysage est exceptionnel et c’est l’un de endroits que j’ai préféré. Nous buvons un petit verre avec notre guide et nous repartons vers Oran. Sur les conseils de notre super guide, nous allons manger du poisson au Corsaire, on se régale, on reprend des forces et c’est reparti pour un tour !
Nous repassons à la gare car C. a besoin d’un billet pour aller à Alger et nous décidons au vu de la circulation plus que compliquée de sortir d’Oran pour aller vers l’Ouest d’Oran. Nous passons à Misserghin où nous avons vu l’endroit où le frère Clément a créé la clémentine. Nous passons au milieu de vergers. C’est très vert et ça contraste un peu avec ce que nous avons vu jusque là. Nous rentrons vers Oran en passant par Mers el-Kébir et par la route littorale.
La journée s’achève et notre guide nous dépasse chez S. car sa mère nous a invité à manger un couscous. Après la soirée et retour à l’hôtel où il faut faire les valises pour rentrer en France. Avec V., c’est décidé, on reviendra ! On fera le désert, on finira de visiter Oran et on ira à Alger. En tout cas, on a hâte d’y retourner car c’était un voyage génial bien que beaucoup trop court. Il me tarde d’en apprendre encore plus sur ce pays qui m’a conquise. Par contre, je ne conduirai jamais à Oran. Les oranais ont leur propre code de la route et il serait dangereux de se lancer sur la route sans le connaître. De plus, les dos d’ânes sont d’une violence inouïe. Bref, ce voyage m’a laissé des étoiles dans les yeux et j’ai vraiment envie d’y retourner bientôt.
2 commentaires
Angelilie
Beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. je reviendrai. N’hésitez pas à visiter mon blog. au plaisir
Ping :